CASTELBAJAC

(Suite 1)

Un peu d'histoire


Le village de Montastruc est dominé de ses 175m par un éperon, au sommet duquel quelques pans de murailles démantelées se découpent sur le ciel bleu. Le websurfer que vous êtes vient d'en voir une gravure sur la première page de ce chapître.
Si le touriste se promenant le long des berges de la Baïse questionne les gens du pays, il apprend qu'en 1352, Arnaud-Raymond VI de Castelbajac, reçu du roi Jean le Bon alors comte de Bigorre, le fief de Montastruc, pour services rendus aux faits de guerre et en compensation des seigneuries de Castelbajac pillées et brulées par l'Anglais. Il ne profite pas de ce legs car, en 1360, le traité de Brétigny donnant la Bigorre aux Anglais, ceux-ci vinrent occuper la forteresse. Ce n'est que son fils, Arnaud- Raymond VII qui put en prendre possession et ses descendants l'occupèrent durant quatre siècles, jusqu'en 1757. La Bigorre ne fut rattachée à la France qu'avec Henri IV.
Les barons de Castelbajac étaient les premiers parmi les douzes barons de Bigorre. Leurs noms se rencontrent chaque jour, les "Annales de Gascogne" et les "Chroniques de France" les citent bien des fois. Outre d'importantes possessions en Bigorre, Astarac, Armagnac ou Aure, plusieurs furent viguiers de Goudon, gouverneurs de la ville de Tarbes ou sénéchaux de Bigorre.
Jules Carsalade du Pont, évêque de Perpignan, a décrit la splendeur du château en ces termes. Les chambres tendues de tapisseries, les meubles richement sculptés, les coffres superbement vêtus, des sièges archebancs à grandes housses frangées de soie et d'or, des tables couvertes de tapis précieux, des dressoirs chargés de vaisselle d'argent, des pièces d'orfèvrerie, de coffres incrustés. Des armures damasquinées, forgées de Tolède ou de Milan mises à l'épreuve sur vingt champs de bataille, s'accrochaient aux murs bâtis en appareillage de galets de la Baïse et de mortier de chaux.
Bien des descendants partis de là pour combattre et verser leur sang en Italie, Espagne, aux Pays-Bas ou ailleurs se sont retrouvés dans ces murs, à l'ombre de la bannière dans les pans de laquelle bruissait encore le cri "Bigorre ! Bigorre! Castelbajac!".

Ancienneté et noblesse de cette famille.


L'ancienneté de la maison de Castelbajac est par définition immémoriale. Il n'existe pas de documents qui permettent d'en préciser la date d'origine.
L'histoire du comté de Bigorre nous en apprend toutefois un peu plus. "Il est fait mention de Jean, dit Jeannotus, chevalier, baron de Castelbajac, vicomte ou viguier de Goudon, capitaine de 100 hommes d'armes, vivant en l'an 1000 et 1030" (M. de St-Allais). On peut donc raisonnablement tabler sur les années 950 à 1000 pour l'apparition du nom en Bigorre. En 1080, Bernard de Castelbajac est présent à l'acte d'affiliation de l'abbaye de St-Savin à la puissante abbaye St-Victor de Marseille. Il assiste en 1096, avec toute la noblesse bigourdane, à la dédicace de l'église de l'abbaye de St-Pé de Générés.
Dés ses débuts cette maison figure parmi les premières de Bigorre. Ainsi dans une enquête diligentée par le roi Philippe le Bel sur la richesse du comté, est-il fait mention des seigneurs de Castelbajac parmi les douze barons que compte la Bigorre. Ils possèdent alors deux baronnies. Cette situation de la maison de Castelbajac et la confiance dont elle jouit, l'améneront à intervenir à maintes reprises dans l'histoire de la province puis jusqu'à nos jours dans celle de la France. Les archives familiales ainsi que celles des Hautes-Pyrénées et de Pau conservent précieusement les faits et gestes de ses membres jusqu'à une époque très récente.
Sa noblesse est qualifiée d'immémoriale car elle se perd dans la nuit des temps féodaux. Depuis le début de notre millénaire, le titre de baron reste attaché au nom. Chérin, généalogiste royal, authentifiera en 1789 les "preuves de noblesse" de Louis Gaston de Castelbajac , baron de Barbazan. Par ailleurs les armoiries "furent émaillées sur le registre de l'ordre de Malthe" en 1490 pour le compte de François-Bernard de Castelbajac. Elles sont ainsi conservées aux Archives Nationales. Les armes connues aujourd'hui remontent au XVII° siècle "d'azur à la croix d'argent, abaissée en pointe sous trois fleurs de lys d'or en chef posées de deux et un". Les Castelbajac relevèrent le privilège accordé par Charles VII en mai 1432 à leur grand-oncle Arnaud-Guilhem de Barbazan, "le chevalier sans reproche" auquel il avait octroyé le droit de porter "pour lui et ses descendants trois fleurs de lys, sans barre". Parmi ses faits d'armes qui le signalèrent au roi de France, un combat singulier où il vainquit six chevaliers anglais en 1404. Grand compagnon d'armes du roi Charles VII, il vainquit en 1430 les Anglais réunis aux Bourguignons à la bataille de la Croisette. Il mourut sans postérité au combat de Bulgnéville dans les Vosges, et devait reposer, suprême privilège, jusqu'en 1791 au côté des rois de France à St-Denis. Par ailleurs, il n'est pas vain d'évoquer les armes (d'azur à la croix d'argent) du bigourdan, Eneco Arista, qui devint vers 826 le premier roi de Navarre et chassa les infidèles avec succès. Y-a-t-il une filiation possible pour les Castelbajac? Peut-être mais bien alléatoire sans preuve. Cependant en ce qui me concerne, la filiation existe mais par la branche de Veye.
Les restes de nombreux châteaux Castelbajac sont encore visibles dans les alentours, Castelbajac, Burg, Lubret, Barbazan, Lizos.
En août 1991, la famille avec ses nombreux rameaux de Bernet, Lubret, Lizos, ... s'est rassemblée à l'abbaye de l'Escaladieu près de Mauvezin (65) où un de ses anciens, fray Bernard de Castelbajac fut père abbé en 1262, et en l'église de Castelbajac pour une fête du millénaire et une journée d'action de grâces.
Mille ans sont comme hier,
C'est un jour qui s'en va,
Une heure dans la nuit - (Ps 89)
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Mise à jour / Revised on May 1998, 22nd
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