Une usurpation de patronyme au XVIIIme Siècle
PASTOREL n'est pas FILLE
Voici l'heureuse histoire d'un joyeux capucin ...
Acte du 27 août 1808 - Tribunal impérial de Béziers.
Le sieur François Pastorel père, actuellement directeur de l'école secondaire de Callian (Var) et le sieur
Donat Pastorel son fils aîné inscrit dans son acte de naissance à Callian sous le nom propre de FILLE
ils exposent ce qui suit à savoir le dit François père est né le 12 août 1748 du mariage de François
Pastorel, bourgeois de Callian, et de demoiselle Anne Marie Rougier.
François après que son éducation fut faite opte pour l'état de moine et entre dans un couvent de capucins
où il prononce ses voeux et reçoit les ordres mineurs. Pressé par les passions de l'âge il quitte le froc et avec deux
individus, un jeune homme originaire de Marseille nommé FILLE et le frère quêteur du couvent, ils arrivent à
Montagnac (actuel département de l'Hérault alors dans le diocèse d'Agde). Le dit François prend le nom de FILLE
ainsi que le frère quêteur et tous le trois si on ose le dire font florès. Ils ouvrent une école pour les enfants du bourg.
Quelques temps après c'est-à-dire le
8 avril 1777, François, sous le nom de Michel Fille fils de feu Jean Antoine FILLE et de Claire Rose Girard de la ville de
Marseille, se marie à Notre-Dame de Montagnac avec Marie Jouines. Le 10 du même mois naquit un fils, Michel Donat FILLE, déclaré
le 13 avril du même mois lors de son baptême.
Pendant plusieurs années cette famille fut heureuse et contente. Jusqu'au jour où un véritable frère du dit François arriva à Montagnac
et s'installa chez le ménage FILLE. Mais suite à la brouille qui survint entre ce véritable frère et sa belle-soeur Madame Fille qui ne
pouvait supporter plus longtemps la présence du sieur Pastorel, ce dernier alla tout dénoncer auprès de Monsieur le curé de Montagnac.
Celui-ci en écrivit à l'évêque et celui-ci au supérieur des Capucins. Il en arriva une lettre de cachet pour arrêter l'exposant.
Tous décampèrent et se cachèrent. François écrit alors une épître en vers à une dame de la Cour dans laquelle il lui
peint sa situation. Elle s'intéresse à son sort et lui obtient un bref du pape qui l'autorise à
prendre la vie séculière et réhabilite son mariage religieux avec rectification de son identité et de sa naissance.
Il en est de même pour leur premier enfant, Michel Donat (la mention de rectification est portée sur son acte de naissance à Montagnac).
Toutefois ils se présentent le 10 messidor an VIII devant l'officier d'état civil de Callian pour rectifier et réhabiliter
leur mariage civilement c'est-à-dire remettre en ordre leur patronyme de Pastoral et non FILLE.
Relevé dans les BMS de Montagnac (3 E 167/11 / Montagnac : registres de l'année 1804 - 1810).
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