Les Cambon



Une famille d'industriels au début de la Révolution.



C A M B O N
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Une famille languedocienne
de Montpeyroux
à Montpellier
au travers de la Révolution
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XVIIIme & XIXme Siècles
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La Famille Cambon
La Cie Cambon
Achats des Biens Nationaux


La Famille Cambon


Jean CAMBON et son épouse Catherine Lacombe (mariage le 20.02.1715), négociants à Montpeyroux dans l'Hérault au pied du Larzac et non loin de Gignac. Ils eurent quatre fils.

1- Pierre, né le 12.11.1717 à Montpeyroux, d'abord célibataire, droguiste à Angers, ensuite associé à son frère Joseph-Gaspard dans la gestion de la Cie Cambon. Il épouse sa cousine Marie-Hélène Fajon, le 7.02.1765, à Montpeyroux.
2- Jean, né le 09.09.1724 à Montpeyroux, droguiste en gros à Castres, épouse Marthe Boussuge le 31.08.1751 à Montpellier. Ils eurent une fille, Thérèse-Marguerite née en 1756 qui épousa Etienne Puech en 1787 à Montpellier. Ce dernier, d'origine protestante, fut juge de paix puis avoué à Montpellier.
3- Jean-Jacques, né en 1725 à Montpeyroux. Il fut trésorier de la municipalité de Montpellier; sans descendance connue.
4- Joseph-Gaspard # né le 6.01.1727 à Montpeyroux, épouse sa cousine issue-de-germaine, Marguerite Fajon, le 31.08.1755 à Montpeyroux. Née le 1.11.1730 à Montpeyroux de Pierre Fajon, négociant, et de Marguerite Thibal. Le mariage fut béni par l'oncle de la mariée, l'abbé Louis Fajon, curé de St Jean-de-Fos. Un autre oncle Fajon était chanoine de la cathédrale St Pierre de Montpellier, tandis que deux cousins de Joseph-Gaspard étaient l'un, Jean Cambon, curé de Soriech (Prieuré de l'Ordre de Malte) sur la commune de Lattes, l'autre Pierre Cambon, curé de Ste Eulalie à Montpellier. Joseph-Gaspard meurt chez son fils, Jean, au Moulin du Pont à Lavérune, le 21.10.1814 et fut inhumé au Terral à St Jean de-Védas. Marguerite était décédée à Montpellier le 31.07.1812.

Ils eurent 10 enfants.

  1. 4.1- Pierre-Joseph # né le 10.06.1756 à Montpellier, conventionnel et régicide, commissaire des finances de la République. Il meurt en exil le 15.02.1820 à St-Josse-Ten-Voode près de Bruxelles sans enfant malgré son mariage en 1794 avec Melle Hottegindre.
  2. 4.2- Pierre # né le 5.03.1758 à Montpellier. Lieutenant-colonel de la Garde Nationale. Célibataire. Meurt en 1798 en Egypte.
  3. 4.3- Jean # né le 15.09.1759 à Montpellier épouse le 20.03.1794 à Ganges, Julie Méjean, protestante née en 1777 et fille d'un filateur de Ganges, Guillaume Méjean (avait rencontré, à Versailles, Louis XVI qui lui avait donné un brevet d'exploitation de fillerie du vers à soie, royaliste convaincu et opposé à l'alliance avec les républicains Cambon) et de Marie Coulazon. La dot de la mariée est de 40.000 F. Jean nous a laissé son "livret de famille". Il meurt à Montpellier le 17.01.1828.
    1. 4.31 Camille # né le 25.10.1795 à Montpellier épouse Mélanie Auteract le 6.06.1821 à Montpellier. Cette dernière fille de M° Jean-Joseph Auteract, notaire à Montpellier, et de Françoise-Gabrielle Castilhon. La dot est de 50.000 F. Il meurt le 2.01.1876 à Montpellier.
      1. 431.1 Eugène
      2. 431.2 Emilie épouse Fournié
      3. 431.3 Julie épouse de l'amiral Grasset
      4. 431.4 Gabrielle épouse Emile Vidal (1825-1891)
    2. 4.32 Virginie née le 12.02.1797 à Ganges épouse Barthélémy Griollet, natif de Sommières, le 6.06.1818 à Montpellier.
    3. 4.33 Théodore né le 20.08.1798 à Ganges épouse Emilie Cazalis, protestante, le 10.11.1834 à Montpellier. Élu maire de St Jean-de-Védas en 1830 avec un certificat de royalisme, il y meurt le 12.08.1849.
    4. 4.34 Charles-Adolphe né le 28.11.1799 à Ganges.
    5. 4.35 Adeline née le 12.02.1804 à Ganges épouse Jacques-Eugène Rouché, natif de St Géniés-des-Mourgues, le 16.12.1822 à Montpellier. Leur petite-fille, Pauline Rouché épousera en 1875 Félix Poutingon, fils d'Alphonse Poutingon. cf. Hugonneau-Beaufet.
    6. 4.36 Sophie née le 20.01.1806 à Ganges épouse Jean Bouscaren , maire de Gigean, le 27.08.1825 à Montpellier.
    7. 4.37 Jules né le 3.05.1809 à Montpellier.
  4. 4.4- Marie-Marguerite née le 21.02.1762 à Montpellier épouse le 19.02.1787 à Montpellier, le chevalier Jean-Marc de Theule de Capitoul, narbonnais et Grand Voyer de France pour le Languedoc.
  5. 4.5- Marie-Adélaïde née le 15.06.1763 à Montpellier, religieuse des Petites Soeurs de St Vincent de Paul. Meurt supérieure de l'asile de St Gilles du Gard.
  6. 4.6- Pierre-François-Auguste # né le 28.08.1766 à Montpellier. Il épouse Marie Moulinard, réfugiée de Cholet, le 24.03.1796 à Lavérune. Il meurt le 30.05.1821 à Montpellier.
  7. 4.7- Jean-Charles-César # né le 4.02.1773 à Montpellier. Célibataire, il meurt le 20.05.1833 à Montpellier.
  8. En 1768, 1769, 1775 naquirent trois enfants dont un fils, François, qui moururent en bas age.


La "Cie Cambon", la Révolution et les Biens Nationaux.


Celui qui sortit les Cambon de Montpeyroux fut donc Joseph-Gaspard, un vrai patriarche et une forte personnalité. Pendant 40 ans, jusqu'en 1785, il crée puis dirige d'une main de fer la "Cie Cambon", manufacture de toile à Montpellier, ensuite il rachète une manufacture à Cholet et établit à Bordeaux un comptoir chargé d'écouler sa production sur les Antilles et les Amériques. Un modèle du genre dans la naissance des premières sociétés capitalistes. A la veille de la Révolution française, la compagnie emploie 4 000 ouvriers, ce qui est énorme pour l'époque, avec ses propres plantations de garance entre Montpellier et Lodève. Les ateliers de tissage sont à Boutonnet, non loin de la maison familiale. En 1791, au moment de la vente des Biens Nationaux, il possède 350.000 livres de biens propres.
Très scrupuleux et honnête, Joseph-Gaspard mène une vie calme et laborieuse sans tapage ni luxe prenant de l'intérêt pour les plus défavorisés de ses concitoyens et participant à diverses sociétés philanthropiques et de bonnes oeuvres. C'est donc en 1785 qu'il se retire laissant à ses trois fils aînés le soin de suivre les destinés de la "Cie Cambon" avec une préférence pour Jean. Il commence à prendre part à la vie politique durant ces quelques années qui précédent la Révolution et qui sont marquées par l'éclosion d'une multitude de sociétés philanthropiques et politiques auxquelles il participe de plus en plus activement.
En mars 1789, il est nommé par ses pairs "chef du Tiers-Etat" de Montpellier et à ce titre inspire et participe à l'élaboration des cahiers de doléances dont la rédaction prépare les Etats-Généraux. Pierre-Joseph en est le rédacteur pour la Sénéchaussée de Montpellier. Alors que tous ses amis le pressent d'aller à Versailles en qualité de député du Tiers-Etat, il refuse et délègue son fils aîné, Pierre-Joseph, qui ne sera que toléré durant les travaux. Il ne sera reconnu pleinement que par la Constituante.
En fait Joseph-Gaspard agit par ses fils interposés. A Pierre-Joseph la politique, à Pierre l'armée, à Jean l'administration des biens Cambon et ce dernier vécu totalement à l'écart de la politique, à Marie-Marguerite la noblesse, à Marie-Adélaïde l'Eglise, à Auguste le soin de garder la manufacture de Cholet et d'entretenir la flamme révolutionnaire... Une attitude en retrait et prudente, prévoyant les aléas du futur.
Toutefois la Bastille est tombée le 14.07.1789, et le 24 Joseph-Gaspard est reçu membre de la Confrérie des Pénitents Blancs dont la chapelle se trouve rue Jacques-Coeur. Cinq jours plus tard le 29.07.1789, il mène la manifestation des montpelliérains réclamant le retour de Necker aux cris de la foule, "Vive le roi", "Vive Cambon". Ceci lui vaut d'être surnommé le "père du peuple". Aux élections, il refuse d'être élu maire de Montpellier.
En 1790, lors de l'adoption de la Constitution Civile du Clergé, il influence les Pénitents Blancs en faveur de l'évêque constitutionnel Poudérous contre Mgr de Malide. Le 27.06.1791, suite à la fuite de Louis XVI et à sa capture à Varennes, il demande en tant que président des Amis de la Constitution et de l'Egalité la déchéance du roi. Il est administrateur de l'Hérault de 1790 à 1795. Tour à tour girondin et montagnard enragé, il demande même en mars 1794 la fourniture d'un échafaud dont son épouse sera menacée en février 1796. Il correspond tous les jours avec son fils Pierre-Joseph qui dirige les finances de la France et qui en retour tient son père au courant des faits et gestes des révolutionnaires parisiens en lui mettant des notes manuscrites à l'intérieur du Moniteur.


Achats des Biens Nationaux.


Le 2.01.1791, il achète le Terral, sur la commune de St-Jean de Vedas. Cette propriété était la résidence d'été des évêques de Montpellier. Cet achat est fait en son nom et celui de ses trois fils aînés auxquels il avance l'argent nécessaire. Le 12.04.1793, il renouvelle en se portant acquéreur des terres de l'Ordre de Malte, les domaines de St Jean -des-Clapasses et de Launac sur la commune de Fabrègues. Il va investir 170.000 F pour remettre en état les cultures.
En 1795, à la démission de Pierre-Joseph, il se retire de la vie politique, bonapartiste sous Bonaparte, napoléonien sous l'Empire, aidant ses fils à conserver le patrimoine acquis sur les biens du clergé. Car s'il a souhaité la Révolution il en subit les conséquences. En effet en 1795 devant le marasme économique et les pertes commerciales qu'entraînent les désordres révolutionnaires, Jean et son père procèdent à la dissolution de la "Cie Cambon". La famille Cambon vit alors des revenus de ses Biens Nationaux, des revenus essentiellement agricoles. S'ils ne se sont pas enrichis comme bien des révolutionnaires, ils ont tout de même pu sauvegarder leurs revenus.
Joseph-Gaspard restera pour ses contemporains comme le symbole du financier intègre et dur, incroyant religieusement, patriote, défenseur du capital contre la collectivisation des communistes de Gracchus Baboeuf. Il soutint activement sinon l'influença la politique financière de Pierre-Joseph et dans l'affaire des Biens Nationaux il y vit plus une privatisation qu'une confiscation.
Le 10.03.1814 peu avant sa mort, il fait enregistrer son testament chez Maître Massal (actuellement charge de Maître Jonquet). Nous connaissons ainsi l'inventaire de ses biens :
1. St Jean-des-Clapasses, 310 ha (1/4 des terres) avec un revenu annuel de 5.400 F.
2. Le Terral, 57 ha (1/2 des terres) avec un revenu annuel de 2500 fr.
3. Une maison à Montpellier avec 3,2 ha, valeur 184.000 F sise à Boutonnet (sa fille, Marie-Adélaïde, en héritera et l'offrira à son ordre de St Vincent de Paul).
4. 36.000 F en liquide.
5. 224.000 F en argenterie et meubles.


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