PIERRE-JOSEPH CAMBON


Histoire d'un conventionnel de Montpellier à la création de la République

Nous connaissons le grand rôle que joua celui-ci en tant que commissaire des finances. Nous lui devons la confiscation des biens du clergé (loi de Séquestre des Biens du Clergé) qui dans son esprit était le moyen le plus approprié de remplir les caisses de la République, et le Grand Livre de la Dette Publique, mais aussi malheureusement la planche à assignats...
Plutôt que le morcellement des terres envers les petits paysans sans argent, il favorise la vente en grosses propriétés assurant ainsi le succès financier de l'opération en obtenant le concours des gros bourgeois. Nous savons ainsi qu'avec le Terral et Launac (deux propriétés aux environs de Montpellier), les Cambon payèrent le juste prix. Il n'en fut pas de même partout; certains révolutionnaires profitèrent de leur influence pour spolier l'Etat.

Collègue de Cambacérés dans la Confrérie des Pénitents Blancs de Montpellier, il est le membre fondateur du club la Société des Amis de l'Égalité. Nous avons vu précédemment qu'il était "les yeux et les oreilles" de son père aux Etats Généraux, où il siège comme député suppléant. Cependant, le 20.06.1789, il signe le Serment du Jeu de Paume. Après quoi il revient à Montpellier où capitaine de la Garde Nationale, il milite dans les milieux révolutionnaires et se fait remarquer en demandant la fonctionnarisation des membres du clergé. Il ne rompt avec la monarchie qu'après la fuite de Varennes. Elu à l'Assemblée Législative le 1.1.1791, il en fut le dernier président quand elle est dissoute le 21.09.1792 pour faire place à la Convention.

P.J. Cambon conventionnel
Armes de la Révolution

Membre de tout premier plan de cette assemblée, il s'opposa à Marat pour la violence de ses propos et s'éleva contre l'organisation du Tribunal Révolutionnaire. En tant que Commissaire des Finances pour la République, il réorganisa l'administration des Finances et la centralisa. Il tenta de mettre de l'ordre dans l'anarchie financière et élabora la plupart des lois financières. Il eut le souci de freiner les dépenses publiques en contrôlant étroitement les comptes mais ne sut contrôler la planche à billets. Il se heurta violemment à Robespierre et St Just. Face au Tyran il s'arrogea dans l'Assemblée Législative et à la Convention une dictature financière. La veille du 8 thermidor, il écrivait à son père au dos d'une gazette: "demain de Robespierre ou de moi-même l'un des deux montera sur l'échafaud". En effet au propos de Robespierre à son encontre :La contre-révolution est dans l'administration des finances. Elle porte toute sur un système d'innovation contre-révolutionnaire qui a pour but de fromenter l'agiotage, d'ébranler le crédit public, de favoriser les riches créanciers, de désespérer les pauvres, de dépouiller le peuple des biens nationaux et d'amener insensiblement la ruine de la fortune publique.

A la fin du discours de Robespierre, il monte à la tribune et réplique :Robespierre vient de dire que le dernier décret sur la finance avait été calculé de manière à augmenter le nombre des mécontents; il serait peut-être facile de le faire convenir qu'il n'a rien fait pour connaître ces calculs. Mais je ne me contenterai de repousser cette attaque dont ma conduite depuis le commencement de la Révolution aurait dû peut-être me garantir. Je ne viendrai point armé d'écrits polémiques; je répondrai par des faits suit une longue liste de chiffres ... Etranger à toutes les factions, je les ai dénoncées tour à tour lorsqu'elles ont tenté d'attaquer la fortune publique (...) Aussi tous les partis m'ont-ils trouvé toujours sur leur route. Il est temps de dire la vérité: un seul homme paralysait la volonté de la Convention nationale, cet homme, c'est Robespierre. Ainsi jugez! (Applaudissements).
Cependant, il dira des Thermidoriens :En croyant tuer Robespierre, ils avaient tué la République. Après laTerreur, il fut vivement attaqué par le fourbe et scandaleux Tallien et par Fayau de la Brétinière, deux des plus grands profiteurs de la Révolution, qui l'accusèrent d'avoir puisé dans les caisses de la République pour s'enrichir, parlant de "cambonades". En fait depuis trois ans, Pierre-Joseph réclamait en vain que la Convention examine la fortune de ses membres et son origine. Deux de ses accusateurs, Cambacérés, Barras, et d'autres étaient visés par sa demande. Fatigué de cette vie politique et de ces attaques, il démissionne en 1795.
Le jour de son mariage, le 1.04.1795, il est absent de la Convention où Tallien se livre à un violent réquisitoire contre lui, l'accusant de complot contre la République. Le lendemain il s'adresse à la Convention et parlant de Tallien il dit: "Choisissez, chers amis, entre le moraliste et le vice". C'est la réaction thermidorienne, la Terreur Blanche va succéder à la Terreur Rouge; le nom de Cambon est conspué à Montpellier par les bandes royalistes qui reprennent de l'éclat. N'est-il pas à l'origine de l'éxécution du maire Durand? Le 5.04.1795, il se cache dans un grenier de la rue St Honoré. Le 1.05.1795, la foule des sans-culottes des faubourgs qui relèvent la tête le nomme maire de Paris à la Convention. Il est très populaire et les thermidoriens n'osent pas l'arrêter. Il reparaît au grand jour le 26.10.1795, le lendemain c'est le Directoire. Sa vie politique est terminée.
P.J. Cambon, à Paris chez Basset

Le 22.12.1795, il arrive au Terral où il est sous la surveillance des autorités du Directoire qui le craignent. Cette année là, il refuse de siéger au conseil municipal de Montpellier. Pierre y est déjà, cela suffit. Il est soumis à de nombreuses pressions pour reprendre de l'activité, il préfère rester dans sa solitude où il demeure toutefois attentif aux évènements politiques.
Le 11.08.1797 et le 15.08.1797, au même endroit sur le pont de la Mosson (Rivière côtière à 2 lieux à l'ouest de Montpellier, sépare la ville de Lavèrune et St Jean de Védas) en revenant de Fabrègues, il échappe à deux attentats royalistes qui mettent dans l'embarras les autorités du département. Le 21.03.1798, étant premier électeur de la commune il accepte la présidence de l'Assemblée cantonale de Fabrègues. Cambon lassé et désabusé se rapproche de Bonaparte auquel il prête serment. Lors d'un séjour à Paris en 1805, il est sondé par l'entourage de Napoléon qui a des vues sur lui comme ministre des Finances de l'Empire mais il garde le silence. Il ira, mais c'est la seule fois, jusqu'à être obséquieux en 1808, en écrivant à S.A.S. l'archichancelier Cambacérés qu'il n'appellera plus que citoyen conventionnel lors de son exil de Bruxelles.

P.J. Cambon par Quedeney
Le 22.12.1795, il arrive au Terral où il est sous la surveillance des autorités du Directoire qui le craignent. Cette année là, il refuse de siéger au conseil municipal de Montpellier. Pierre y est déjà, cela suffit. Il est soumis à de nombreuses pressions pour reprendre de l'activité, il préfère rester dans sa solitude où il demeure toutefois attentif aux évènements politiques.
Le 11.08.1797 et le 15.08.1797, au même endroit sur le pont de la Mosson (Rivière côtière à 2 lieux à l'ouest de Montpellier, sépare la ville de Lavèrune et St Jean de Védas) en revenant de Fabrègues, il échappe à deux attentats royalistes qui mettent dans l'embarras les autorités du département. Le 21.03.1798, étant premier électeur de la commune il accepte la présidence de l'Assemblée cantonale de Fabrègues. Cambon lassé et désabusé se rapproche de Bonaparte auquel il prête serment. Lors d'un séjour à Paris en 1805, il est sondé par l'entourage de Napoléon qui a des vues sur lui comme ministre des Finances de l'Empire mais il garde le silence. Il ira, mais c'est la seule fois, jusqu'à être obséquieux en 1808, en écrivant à S.A.S. l'archichancelier Jean-Jacques-Régis de Cambacérés qu'il n'appellera plus que citoyen conventionnel lors de son exil de Bruxelles.

Elu député de l'Hérault pendant les Cent Jours (20.03.1815 - 22.06.1815), il accepte la charge devant le péril que constitue à ses yeux la coalition européenne contre la France. Il est arrêté le 24.07.1815 par le marquis de Montcalm et incarcéré au Fort de Brescou; il en est libéré un mois plus tard sur intervention de son ami Fouché, chef de la police de Louis XVIII. En 1816, menacé comme régicide, il s'exile à Bruxelles. Il y arrive le 2.02.1816. Il vit en petit bourgeois jusqu'à sa mort, recevant de Jean la part de ses revenus du Terral et de Launac. Il vit non loin de son compatriote Cambacérés avec lequel il renoue des relations mais qui, lui, dépense en fêtes et réceptions dans son hôtel particulier et reçoit ses "amis conventionnels".

Par son testament passé le 16.01.1816 devant M° Barat à Paris, il lègue ses biens à son frère Jean.
Nota: Mathieu Soula, Universitée de Toulouse, me signale un second testament rédigé à Bruxelles.
Il s'éteint le 15.02.1820 à St-Josse-en-Noode près de Bruxelles.
La majorité de ses contemporains s'accorde sur son honnêteté, son intégrité et sa probité. "Le sang avait pu rougir mais jamais l'argent n'avait sali ses mains". Grand maître des finances, la tentation était grande de se servir mais jamais et malgré les calomnies de ceux qui justement trafiquaient leur influence il n'utilisa son pouvoir pour sa bourse se contentant des dividendes Cambon et de son allocation de commissaire, 2.400 fr par an. Aussi féroce que Marat, il ne fut pas sanguinaire. Il vote la mort de Louis XVI sans état d'âme disant ... nous avons atteint l'isle de la liberté et nous avons brulé le vaisseau qui nous y a conduit... Michelet ajoute qu'il ne fut "ni des jacobins nantis", "ni des révolutionnaires au ventre plein". Cependant sa réputation de meilleur économiste était tant soit peu surfaite vu l'état général des finances de la République lors de sa démission.

Portrait de Cambacérés

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Mise à jour/Revised 15.06.2005 - Créé/Created on 15.06.97.
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